Sur ce site vous aurez accès gratuitement à tout ce que nous produisons : des podcasts, des vidéos, des enregistrements, des
articles. Cet acte de gratuité nous a semblé la seule manière de produire librement, sans avoir à quémander sur le marché actuel de la
musique.
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À la une
Rendez-nous Brahms
Découvrez le dernier enregistrement de l'Armée des Romantiques.
Il est toujours difficile de se présenter sans avoir la
désagréable impression de se vendre.
Vincent Mons, notre cher camarade ingénieur du son, a dit un jour de nous :
« Le projet révolutionnaire de L’Armée des Romantiques peut ainsi se
comprendre, dans une puissante simplicité, par le souhait de dire
quelque chose sur la société, invoquant le réel de l’aujourd’hui et de
l’humain ».
Cette phrase, nous pouvons l’entendre dans l’épisode 9 des « Podcasts
de L’Armée des Romantiques ». Elle pourrait en déstabiliser plus d’un
tant il est peu habituel qu’un ensemble de musique classique puisse
évoquer la vie de la cité et prétendre y prendre part en l’analysant sous l’angle
de la production matérielle et économique.
Mais d’ailleurs, est-ce le rôle des artistes que de s’occuper de politique ?
Poser la question c’est pour nous évidement y répondre.
Nous devons être conscient que l’artiste n’est pas un être hors-sol et
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Demandez le programme !
Téléchargez les programmes des concerts proposés par l'Armée des Romantiques.
Sous la demande pressante de certains collegues, amis et
professionnels du milieu musical, nous soumettons ici à l’appréciation
de ceux que cela intéresse, le positionnement esthétique de l’ensemble
de musique « L’Armée des Romantiques » que je co-anime avec
Emmanuel Balssa, Girolamo Bottiglieri, Caroline Cohen-Adad, Sébastien
Renaud et bien d’autres.
Cet ensemble existe depuis plus de dix ans, il occupe aujourd’hui
une place singulière dans le paysage de la musique dite
« ancienne ». Si sa production de concerts, de disques, de vidéos
fait l’objet de chaleureux soutiens, et enthousiasme le public, il est vrai
aussi qu’elle fait parfois grincer les dents de certains.
Son positionnement artistique, donc politique - car nous n’hésitons pas à
reprendre à notre propre compte la phrase de Baudelaire: « Parler d’art
d’une façon partiale, passionnée, et politique » - est le résultat
d’expériences empiriques, d’intuitions sensibles, puis d’études
approfondies de traités, de témoignages, d’enregistrements sonores,
bref de toutes sortes de sources que nous avons su lire d’une manière
non orthodoxe.
Au final, si notre façon de penser, de dire et de faire la musique est si
dérangeante, c’est qu’elle va tout simplement à rebours de l’idéologie
actuelle.
Faites-le comme vous voulez, mais faites-le beau !
Que dire de plus ! Cette phrase de Brahms a été relayée par la pianiste Fanny Davies (1861-1934) qui eu la chance de côtoyer le maître dans
les
dernières années de sa vie.
Brahms avait pour habitude de tester ses nouvelles œuvres en concert avant toute publication. Quand il s’agissait de pièces avec piano il en
assurait la partie, quand c’était pour orchestre ou chœur, il prenait la baguette. En septembre 1887 il se rendit en compagnie du violoniste
Joseph Joachim et du violoncelliste Robert Hausmann à Baden-Baden, ville thermale très à la mode à cette époque afin d’y présenter son double
concerto pour violon et violoncelle op.102. À son arrivée dans l’après-midi, nous raconte Clara Schumann qui se trouvait sur place, Brahms
exprima le désir de lire avec ses amis une nouvelle pièce de musique de chambre nouvellement édité : son dernier trio op. 101. Partie à la
recherche de cette partition dans toute la ville, en vain, Clara demanda à son élève Fanny Davies, si elle n’avait pas un exemplaire du trio en
question. Par chance, elle l’avait ! C’est ainsi que cette jeune pianiste anglaise fit la connaissance de Brahms. Lui amenant la partition,
Clara demanda si son élève pouvait assister à cette répétition discrètement dans un coin. « Il grogna et maugréa son approbation ».
Les trois géants jouant le trio op.101, Clara tournant les pages, quel tableau !
Cette histoire est tout simplement extraordinaire. Combien d’artistes musiciens auraient aimé vivre cette rencontre avec
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Renouer avec l'esprit romantique
Dans le traité de L’expression musicale de Mathis Lussy, écrit autour de
1870, on peut lire ceci : « (…) deux écoles professant des principes diamétralement opposés. L’une exige un mouvement uniforme, sans
accélération ni ralentissement; l’autre, au contraire, a coutume d’accélérer ou de ralentir à chaque rythme, à chaque incident. Pour les
premiers, jouer avec la régularité et la précision d’une machine est le comble de la perfection; pour les seconds, altérer le mouvement à chaque
rythme et rendre l’exécution boiteuse n’a rien de désagréable. Les uns sacrifient le détail à l’unité, les autres l’unité au détail. Toutefois
nous croyons avoir remarqué qu’il n’y a pas de plus chauds partisans de l’uniformité du mouvement général que ceux précisément qui n’ont pas le
sentiment de l’expression. »
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De l’interprétation sur instruments anciens aujourd’hui.
Le monde de la musique actuel n’aime pas les clivages. Aujourd’hui il est de bon ton pour un musicien de tout jouer, de tout interpréter, sur
n’importe quel type d’instrument, ancien ou moderne. Comme le raconte la fable, la musique n’a pas de frontière, elle est partout chez elle,
elle est universelle. Donc quoi de plus naturel que ses interprètes se transforment en de véritables caméléons.
Certes les instruments anciens occupent une place non négligeable dans nos salles de concerts mais faut-il voir cela comme une victoire ou une
récupération ? La résilience dont a fait preuve le marché de la musique est assez extraordinaire quand
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Une histoire politique de la musique classique
Vos articles soulignent combien les discours et les représentations ont pris le pas sur la musique elle-même. On pourrait prendre l’exemple d’un
« courant » particulier : celui de la musique dite « historiquement informée » — qui, entre autres choses, entend retrouver les intentions
originelles des compositeurs et recourir aux instruments d’époque1. Au fil des décennies, on a l’impression que cette dernière est devenue un
label commode et rentable pour les maisons de disque, mais aussi pour les musiciens eux-mêmes. N’est-ce pas lié au fait que les musiciens
doivent se soucier de leur image davantage que de leur « travail » ?
Rémy Cardinale : Cette question est peut-être la plus complexe à traiter car elle renvoie à une bataille esthétique menée tout au long du XIXe
siècle, qui s’articule entre les modernes et les réactionnaires. J’aime citer la phrase du philosophe Dominique Pagani : « la modernité a
toujours eu peur d’elle-même ». Nous sommes aujourd’hui au cœur d’un mouvement réactionnaire qui dure depuis plus d’un siècle. Le néoclassicisme
a pris le pas sur les idées révolutionnaires des romantiques. Il a repris la main devant le risque de voir les passions romantiques renverser
l’ordre établi. Après un siècle de révolutions, il a fallu calmer le jeu des passions, des mouvements anarchistes et communistes qui réclamaient
le pouvoir de décider de leur condition sociale.
Lire la suite sur la revue Ballast